Login

Accro aux réseaux sociaux

MERCREDI MATIN, DANS LA VOITURE DE RÉGIS

Vous devez vous inscrire pour consulter librement tous les articles.

« De toutes façons, il ne peut rien me reprocher, j'ai augmenté mes ventes et en plus mes clients sont très satisfaits de moi », rumine Régis, le commercial du secteur nord du négoce Les-Pieds-dans-Leu, au volant de sa voiture de service. Ce matin, il a dû annuler ses rendez-vous clientèle pour se rendre au siège et rencontrer le directeur, Philippe Matthieu, qui veut s'entretenir personnellement avec lui au sujet de son « attitude incontrôlable » sur internet, des mots abrupts sortis de la bouche même du directeur la veille au soir.

Arrivé dans les bureaux de la direction, la secrétaire l'invite à s'asseoir. En attendant, il se retrace la façon dont il a intégré internet à sa méthode de travail. Féru des nouvelles technologies digitales, il s'est très vite équipé d'un smartphone. Avec le succès des réseaux sociaux, il s'est créé des comptes pour partager le quotidien de son métier. Petit à petit, sans lui-même trop s'en rendre compte, ces outils sont devenus le fer de lance de sa stratégie commerciale vis-à-vis surtout de ses plus jeunes clients. Il y partage des informations utiles quasiment instantanément, notamment sur la vente des céréales. En parlant de lui et de l'entreprise, il provoque l'adhésion de ses clients autour de la complexité, mais aussi de la beauté de son métier. Aujourd'hui, il a trouvé ses marques avec ces nouveaux moyens de communication et il ne voudrait pas revenir en arrière.

Il a cependant bien senti monter les mécontentements. Des insinuations de la part de ses collègues sur le temps passé sur ses heures de travail. Son directeur a même quelque fois louvoyé pour lui faire comprendre que l'utilisation d'internet ne devait pas l'éloigner de l'équipe. Enfin certains de ses clients - moins connectés -, lui ont laissé entendre qu'ils ne pouvaient pas bénéficier de toute la réactivité et du maximum de services qu'il offrait aux autres. « Ils n'ont qu'à s'équiper », s'était-il dit régulièrement. Sauf que cette fois, il doit en répondre devant le directeur. Plusieurs agriculteurs se sont plaints, lors de la dernière réunion de terrain, du fait que « l'entreprise ne s'occupe plus que des clients présents sur Twitter ». Régis en est là lorsque Philippe Matthieu lui ouvre la porte pour le recevoir.

Alexis Dufumier

A découvrir également

Voir la version complète
Gérer mon consentement